Semaine du 5 avril, le confinement se poursuit...

Michel Buisson a eu 85 ans hier. En son honneur :

Buisson-Charles Les Cras meursault 1er cru 2004 : Couleur dorée, mais brillante. Nez pur et mûr, sans traces d’oxydation. On y trouve des notes de poires mûres, de fleurs jaunes, avec une pointe exotique de mangue, puis de noisette fraîche et de menthe douce. Pas de rhum, de tire éponge, de miel ou de champignon … vraiment impressionnant comme nez. La bouche suit, patinée, vineuse, avec de la douceur, mais aussi de l’éclat et une tenue magnifique. Le chardonnay est un cépage de texture! Comme dirait Michel : y’a du vin, mais c’est pas lourrrd. Un grand flacon vinifié par le Sorcier de Meursault et le genre de bouteille que j’aurais aimé partager avec des gens le connaissant, mais en même temps, à deux on en a manqué! Un régal avec un poulet rôti. Si 2004 est probablement le dernier mauvais millésime en rouge en Bourgogne, les blancs m’ont toujours impressionné. Et de boire ce vin 14 ans après sa mise en bouteille avec une telle fraîcheur et ce côté accompli, nonobstant ceux qui l’ont vu naître, me fait regretter plus encore la mode des vins maigres et acides, mais également ceux démonstratifs qui s’écroulent 10 ans plus tôt sans jamais atteindre la moitié de cette plénitude. Merci Michel pour ce grand moment et à bientôt j’espère.

Hier, un blanc du Domaine Marcel Deiss le Domaine Marcel Deiss Alsace Complantation 2018. Composé de 4 cépages à part égal, soient: Gewurztraminer 25 %, Pinot gris 25 %, Pinot blanc 25 %, Riesling 25 %. Je vous retranscris un petit bout de la contre-étiquette:

« Robe complexe, nez chatoyant, bouche sévères et profondément salivante disant la maturité bienveillante du fruit, sa perfection harmonieuse, cachant comme la voute étoilée, la mécanique minutieuse du ciel, le balai millimétré des sphères. »

Malgré l’envolée lyrique, le vin est très ordinaire. Robe jaune paille assez brillant. Le nez et la bouche me font penser à mon cépage favori le Grüner veltliner Donc aux saveurs de cream soda dégazée....Inutile de perdre votre temps. Si vous aimez le genre, je vous conseille plutôt l’As de B d’Agathe Bursin qui est beaucoup plus savoureux.

Aussi, une autre tentative du côté de la Bourgogne, Claude Nouveau Hautes-côtes-de-Beaune 2016. Un gros bof! Acidité au plancher...Encore une fois, si vous aimez ce genre de pinot, vous pouvez acheter un pinot du Québec, au moins ce sera pour une bonne cause!

Voici deux découvertes récentes via un petit rituel que nous faisons ma femme et moi avec mon fils et sa blonde, on ouvre un vin (plus souvent deux), on transvide dans une bouteille vide et nettoyée, on laisse sur le balcon et l’autre couple va le chercher puisqu’on demeure tout près, ensuite on déguste à l’aveugle virtuellement via FaceTime, chacun de nous ayant le même vin.

Voici deux vins que mon fils nous a fait dégusté pour nous déjouer et mission pas mal accomplie.

2017 Domaine de l'Ecu (Guy Bossard) Muscadet de Sèvre-et-Maine Granite
Un joli nez de pommes vertes avec un peu de lime aussi. La bouche est tranchante, avec une belle fraîcheur et une minéralisé intéressante, une longueur moyenne par contre mais avec des amers intéressants, pas le plus profond, mais dans le genre c'est vraiment délicieux et ça se boit tout seul. Vraiment un des meilleurs que j'ai bu dans cette appellation.

2014 Viña Vik Milla Cala, Chili
Wow quelle belle surprise et découverte à l'aveugle en plus. Un nez difficile à identifier alors qu'on a tourné autour du pot pas mal à ce niveau, pour finalement apprendre que c'était Cabernet-sauvignon 50 %, Carmenère 35 %, Syrah 10 %, Merlot 5 %. Un nez très aromatique, agréable, floral, poivré, mais aussi un peu de boisé. Une bouche avec une belle fraîcheur, bel équilibre entre l'acidité et les tannins, qui sont fort agréables en texture sans être dénués de puissance, belle longueur aussi, savoureux et une belle découverte.

J'aimerais bien savoir ce que ça veut dire concrètement du "bojo à la bourguignonne" ou "structuré comme" et "ça goûte le pinot". C'est meilleur que du bojo ?

Patrick Ayotte a écrit:

Dans Bojo à la bourguignonne il y a un rapport avec la méthode d'élaboration du vin (beaujolais = macération carbonique, bourguignon = méthode classique ce qui donne plus de structure aussi) et cette dernière méthode donne vraiment l'impression de boire du pinot noir que du Beaujolais classique léger et sur le fruit. J'espère que mes explications aident!

Tout à fait ! Je comprend qu'il y a 2 méthodes carrément différentes de vinifier le gamay: la macération carbonique qui donne du bojo et la méthode bourguignonne qui donne du pinot !

Alain Roy a écrit:

Patrick Ayotte a écrit:

Dans Bojo à la bourguignonne il y a un rapport avec la méthode d'élaboration du vin (beaujolais = macération carbonique, bourguignon = méthode classique ce qui donne plus de structure aussi) et cette dernière méthode donne vraiment l'impression de boire du pinot noir que du Beaujolais classique léger et sur le fruit. J'espère que mes explications aident!

Tout à fait ! Je comprend qu'il y a 2 méthodes carrément différentes de vinifier le gamay: la macération carbonique qui donne du bojo et la méthode bourguignonne qui donne du pinot !

Je pense que les Gamay du Beaujolais étaient vinifiés comme les Pinot noir de la Côte d'Or auparavant: raisins empilés en cuve avec macération passive +- pigeages et remontages. La macération carbonique (cuve sous pression) est une mode plus récente. Ça revient à parler du sujet du style "classique" ou pas d'un vin. Vincent je crois (entre autres) mentionnait dans une autre rubrique qu'on définit le classique selon les modes, et elles changent. Le Chablis boisé VS le Chablis en inox. Les Côtes-de-Beaune blancs très ronds VS la mode actuelle de favoriser la fraîcheur. Etc. Joyeuses Pâques la gang!

Hier soir :

Château Bel Air-Marquis d’Aligre margaux 2000 : Couleur sombre et brillante, plus dense qu’attendu. Nez moyennement intense, mais qui se révèle captivant, sur des notes de cassis, de violette, de cuir, de havane, avec un côté épicé assez étonnant. L’attaque est suave et assez large, plutôt savoureuse, dégageant une impression de fruits sucrés. Le milieu de bouche est plus discret par contre et la finale, de longueur moyenne, se révèle peu aromatique et plutôt amère. Je m’attendais à un vin moins dense et fruité, mais davantage patiné et fondu. À revoir peut-être … ou à mieux accompagner, avec une viande braisée, des champignons et une sauce bien réduite. Dans l’état, bien, voire plus, mais j’espérais mieux.

Fèlsina, Rancia, 2008:
Robe cerise dense;
Nez profond, intense, sur la cerise noire & autres petits fruits foncés légèrement alcoolisés. Petite dimension de sous-bois & la feuille de tomate apporte un aspect agréable au bouquet. L'anis complète l'ensemble.
La bouche est dense, structuré, large, sur les petits fruits rouges presque confit. La finale se resserre avec des notes rocailleuses & épicées. L'acidité est suffisante pour supporter la densité & rondeur des arômes, bel équilibre. Ne semble pas avoir du tout 12 ans, presqu'aussi fringant qu'une fraîchement débarqué en succursale!!!!
En fait, pendant un moment je croyais justement avoir ouvert une bouteille plus jeune... Quand j'ai été me resservir plus tard dans la soirée j'ai réalisé que c'était un 2008... Bref, le confinement semble faire son travail...

Les Lavières 2008, Savigny-les-Beaune 1er cru, Henri Boillot, acheté en 2011, 65$.

Pnp. Une robe évoluée mais pas démodée. Rubis-ocre brillant. Même si pnp le bouquet est délié et exprime sagesse d'un vin dans la force de l'âge. On est plus dans le primaire mais dans l'envoûtement des arômes qui ont fait du chemin, ces pointes de sous-bois, de champignons, de fumée. Ça pinote avec du vécu tout plein de petits fruits rouges mûrs et assagis, avec écho tout en tendresse de fleurs séchées. Je reviens sans cesse au bouquet, ça me fait craindre la bouche ! Je plonge:

Ça suit, mais ça émeut moins à la première gorgée que le nez. La deuxième en donne déjà plus, je sens que je vais me régaler. C'est pas jeune non, mais c'est super beau, il y a de la plénitude et du réconfortant. C'est franc mais en douceur, sur un fruité rouge opulent mais dompté, assis sur de la soie et porté par une vivacité allumée faisant fi de son âge. La finale fait littéralement saliver tout autant qu'elle comble en ce jour gris. Ni jeune ni vieux, entre 2 âges, avec peut-être le meilleur à venir car seule la vivacité pourrait laisser plus de place à la volupté avec le temps. Une dernière à écluser dans 5-6 ans. Il pâlit et se durcit avec la bouffe puis ressuscite ensuite en solo. Meilleur en tête-à-tête ?

Lendemain: ça pinote en ta la sagesse...comme je le pensais hier, un peu moins de tension et ce serait l'extase ! en l'instant c'est juste...vraiment super bon.

Jour 3: évolué...comme au 1er jour ! bref y'en a encore dedans.